Biographie



Percevoir, comprendre les choses au fur et à mesure
du travail et les « mettre » dans la toile,
sans qu’ il soit toujours nécessaire de les « dire ».
Musées, expositions, nature, livres, voyages…
et le retour à l’atelier pour travailler
avec un nouveau regard.
Revenir sur les sujets d’une manière différente,
choisir une technique et en garder la spécificité
tout en restant « soi ».
Salir, coller, dominer les blancs, les chercher
comme une couleur… l’importance du dessin
même dans une peinture dite abstraite…
Parfois les « choses » viennent assez rapidement,
parfois elles sont longues à trouver.
Chercher, peiner, douter, s’étonner…
et le sentiment de n’avoir rien fait encore…
Judith Farro

To perceive and understand things as you work
and « put » them on canvas without always having
to « say » them.
The exhibitions, the museums, nature, books, travel
and the return to the studio with a new vision
of things.
Coming back to subjects in a different way,
choosing a technique keeping its specificity,
while remaining oneself.
To dirty, to stick, to dominate the whites,
to seek them as if they were a colour…
the importance of the drawing even in a painting
which is said to be abstract…
Sometimes things come quickly, sometimes it takes
more time to find them.
To seek, to work hard, to doubt, to wonder…
and having the feeling I haven’t done anything yet.
Judith Farro

Die Dirige wahrend der Arbeit nach und nach
wahrnehmen, begreifen und auf die Leinwand bringen,
ohne das es immer notwendig wàre,
sie auch erkiàren zu mùssen.
Museen, Ausstellungen, Natur, Bûcher, Reisen…-
und zurùck ins Atelier um sich mit einem neuen Blick
ans Werk zu machen.
Sich mit den Gegenstànden auf eine andere Art und
Weise auseinandersetzen, eine Technik auswahlen,
deren Eigenheit bewahren und dabei ganz « bei sich »
bleiben.
Sudein, kleben, mit mehrerlei WeiB umgehen,
esjeweils aussuchen wie eine Farbe…
– die Wichtigkeit des Zeichnens auch bei einer
aïs abstrakt geltenden Malerei…
Manchmal kommen die « Dinge » ziemlich schnell
auf einen zu, manchmal dauert es langer,
bis man zu ihnen findet.
Suchen, sich mûhen, zweifein, sich wundern…-
und das Gefùhl haben, dass noch nichts getan ist.
Judith Farro




La découverte de la peinture de Judith Farro? Une émotion qui naît de la force, du sentiment de plénitude qui s’en dégage, de l’équilibre de chacune de ses compositions où rien ne semble pouvoir être retranché ou ajouté. Elle aime jouer avec les lignes, les formes et les formats et chacun de ses tableaux est une véritable alchimie de couleurs. Elle les aime fortes, séduisantes, tout en évitant le piège de la peinture décorative. La manière dont elle traite les blancs sont révélateurs: si dans un premier temps, elles les nie, comme pour conjurer le vide et les blancs de la toile vierge, jusqu’à les faire disparaître, c’est pour mieux aller les chercher ensuite et les faire vivre. Ses blancs sont alors tout sauf des blancs par un jeu de superpositions et de transparences très caractéristique de sa démarche. Faut-il pour autant parler d’abstraction lyrique? Le terme serait sans doute réducteur car le concept ne prime jamais chez Judith Farro sur le geste et la matière. Elle a, en effet, un sens inné de la matière si présente, si vivante que l’on a envie, comme elle-même aime le faire, d’effleurer d’une caresse de la main la toile peinte. On comprend alors mieux son goût pour des techniques, des textures et des supports variés: elle alterne huile, acrylique, tarlatane et toutes sortes de papiers, parfois de sa fabrication. De là, la place que tiennent dans son travail les collages qui lui permettent de composer avec les contrastes de formes et les grands aplats de couleurs. Une lutte constante avec la matière où elle prend un évident plaisir: une manière aussi de réintroduire la mémoire, la trace, le vécu, c’est-à-dire le temps. La partition musicale joue ici tout son rôle, le visuel rejoint le sonore: l’œil écoute. Une façon aussi pour elle d’intégrer dans son œuvre la musique qui rythme son quotidien. D’autres thèmes émergents, l’oiseau, le monde végétal, la tasse à café, le couple, les sujets bibliques, voire en 1996 la Piéta… Ils n’apparaissent, cependant, que ponctuellement, presque furtivement et pour marquer une nouvelle étape dans cet incessant va et vient entre la nature, le regard singulier qu’y pose le peintre et son monde intérieur. Ce n’est pas qu’un point de départ. Une fois la transition assurée, le thème s’efface comme absorbé par la matière. Pourtant, à y regarder de plus près, la forme, même invisible, reste présente dans ses tableaux, parfois réduite à une simple et vague forme géométrique. Autour d’elle, l’œuvre s’organise. La permanence du thème du couple offre un tout autre intérêt en mettant en évidence la pureté du dessin de Judith Farro, sa maîtrise totale, la beauté même du geste qui s’inscrit dans l’espace.
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